Pourtant vous allez quand même à cette élection. Pourquoi n’avez-vous pas respecté la discipline du parti ?
Je crois qu’une discipline doit être respectée si elle est juste, si elle est objective. Mais ce qui s’est passé au PDG, en fait, n’était qu’un montage grossier, un simulacre.
Est-ce que vous vous sentez victime d’un système clanique, voir dynastique ?
Tout à fait, je pense que mes anciens camarades, les trois, quatre ou cinq hiérarques du parti qui le contrôlent, sont animés de la fameuse idéologie du TSF, Tout Sauf les Fangs. Je pense que c’est ce qui explique en partie, le fait que ma candidature ne trouvait pas grâce à leurs yeux. Il paraît que les Fang font peur.
Vous êtes à peu près 40% de la population gabonaise, c’est ça ?
C’est ça. Par ailleurs, je crois surtout en fait que les gens voulaient préserver leurs plates bandes et leurs avantages personnels, et garantir pour l’avenir. Je crois que c’est surtout ce qui a joué.
Certains disent que si les Fang reviennent au pouvoir quarante deux ans après la mort de Léon Mba, ils seront hégémoniques dans le pays ?
Moi, je ne suis pas le candidat des Fang. Et au demeurant, je rappelle que ce fantasme, je ne peux pas l’appeler autrement, anti-fang, est démenti par l’histoire du Gabon. Je rappelle que le premier président du Gabon était Fang de l’Estuaire, comme moi, il s’appelait Léon Mba. Il a tellement fait peur aux non-Fang qu’il a passé le pouvoir précisément à un non-Fang. Les Gabonais veulent élire un président de la République en qui ils puissent avoir confiance dans les capacités, peu importe qu’il soit de telle éthnie. Les Gabonais veulent un président de la République qui va gérer le Gabon au profit de tous les Gabonais.
Alors justement, on connaît vos capacités de gestionnaire, vous avez été gouverneur de la BEAC, vous avez été Premier ministre, mais en même temps vous avez votre part de responsabilité dans la gabégie de l’Etat gabonais ?
Ah non, je n’ai pas de responsabilité dans la gabégie. Si je me présente aujourd’hui c’est parce que les Gabonais savent justement qui je suis. Nous nous connaissons tous et on sait qui est qui et qui vaut quoi.
Quelle est la réforme que vous auriez aimé faire quand vous étiez Premier ministre et que vous n’avez pas pu faire justement ?
Ecoutez, je préfère parler d’abord de ce que j’ai fais quand même quand j’étais Premier ministre. Pendant quatre ans et demi, nous avons construis plus d’écoles, de salles de classes, qu’on en avait construit de 1960, de l’indépendance, à 1990, ce n’est quand même pas rien. Si vous me demandez quelle que chose que j’aurais aimé pouvoir faire quand j’étais Premier ministre et que je n’ai pas fait, je mentionnerais la construction des routes. Je pense qu’on pouvait construire un vrai réseau routier au Gabon.
Si vous êtes élu ce sera l’une de vos priorités ?
Absolument, je crois que sur le plan économique, l’autre priorité s’est l’assainissement des finances publiques. Si l’Etat gabonais gagne 10 000 francs CFA, il faut qu’il vive comme un Etat qui gagne 10 000 francs CFA, et non comme un Etat qui gagne 20 000 francs CFA. Et les 10 000 francs CFA que nous gagnons, il faudrait en plus que nous les dépensions intelligemment, à réaliser des investissements qui soient utiles, à construire des salles de classes, à doter des salles de classes d’équipements didactiques, à former des maîtres, à construire des dispensaires, des hôpitaux, les doter de plateaux techniques valables, c’est tout cela que j’appelle être Gabonais autrement.
Alors Casmir Oyé Mba, vous avez un programme, mais vous n’avez pas de parti, est-ce que vous n’auriez pas intérêt à vous entendre avec d’autres candidats de l’opposition pour choisir un candidat unique ?
Ecoutez, je sais que pour barrer la route au candidat du PDG, beaucoup de Gabonais pensent en effet qu’il serait bon que les 22 autres candidats puissent s’entendre pour n’en retenir qu’un seul. En ce qui me concerne, je reste ouvert à tout contact. Personnellement je me suis présenté réellement en prenant en compte d’une part la situation de mon pays et d’autre part, les capacités que je crois avoir, l’expérience que j’ai accumulée et dont sans aucune forfanterie, je dis simplement quelle est la plus complète et la plus large de tous les candidats qui sont en liste.
Mais à la différence d’un André Mba Obame ou d’un Jean Eyéghé Ndong, vous ne semblez ne pas vraiment croire à cette idée d’une candidature unique ?
Si j’y crois. J’y crois, tout en mesurant la difficulté de se mettre d’accord entre 22 personnes.
Sans parler de 22, mais peut-être les poids lourds de l’opposition disons ?
Ah oui, pourquoi pas. Je vous dis que je les ai tous rencontré. J’ai rencontré monsieur Mba Obame, j’ai rencontré monsieur Eyéghé Ndong, j’ai rencontré monsieur Ben Moubamba, j’ai rencontré monsieur Mamboundou, j’ai rencontré monsieur Myboto, j’ai même rencontré deux fois monsieur Ali Bongo figurez-vous. La première fois c’est lui qui a demandé à me voir, la seconde fois c’est moi qui a demandé à le voir.
Qu’en est-il ressorti ?
Rien de particulier, jusqu’ici.
Avez-vous parlé avec lui des risques de fraude ?
Bien sur ! Les Gabonais veulent que l’élection soit propre. Ce serait leur faire injure que d’essayer de tripatouiller l’expression de leur volonté. Je pense que les Gabonais ne l’accepterons pas.
Casmir Oyé Mba, on vous avez vu dans la rue le 7 août pour demander le retrait d’Ali ? Bongo du gouvernement, est-ce que vous seriez prêt à redescendre dans la rue ?
Oui bien sûr !
Et qu’est-ce que vous feriez dimanche soir ou lundi, si la victoire d’Ali Bongo était proclamé par les autorités ?
Monsieur Ali Bongo ne peut pas se faire élire à la régulière, s’il est proclamé élu comme vous dites, cela ne sera qu’à partir du tripatouillage et les Gabonais en tirerons les conséquences.
Et craignez-vous des troubles ?
Ecoutez je n’en sais rien, personne ne souhaite en fait allumer le feu au Gabon. Mais le fait de tripatouiller les élections, n’est-ce pas mettre le feu ? Pourquoi s’inquiète-t-on de la réaction que les Gabonais demain pourraient avoir et on ne s’inquiète pas de ce qui serait à l’origine de cette réaction, c’est-à-dire le tripatouillage des élections ».
FIN/IPG/HGM/2009
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