"Révolutionnaire professionnel qui bascule entre utopies et réalités", l’ex-apparatchik s’est laissé gagné par le doute. Secrétaire de WALDECK-ROCHET, Charles FITERMAN a ensuite été le compagnon de route de Georges MARCHAIS jusqu’à la rupture en 1984. L’auteur ne se défile pas : il raconte le dérapage, en 1968, sur COHN-BENDIT, "l’anarchiste allemand", les voyages dans les pays de l’Est avec la misère visible en Roumanie et les files d’attentes en URSS, l’appel officieux à voter GISCARD en 1981 contre MITTERRAND, ce fameux "vote révolutionnaire" qui fit l’objet de "conversations d’après repas à la cantine". Les premiers mauvais résultats électoraux dans les années 80 et le soutien de l’intervention soviétique en Afghanistan finiront par ébranler les dernières certitudes. Pour autant Charles FITERMAN ne renie rien de son engagement communiste : "L’échec du socialisme réel ne valide pas le capitalisme réel." L’ancien ministre a du mal à cacher que, finalement, c’est l’expérience du réel, entre 1981 et 1984 aux Transports, qui lui est apparue la plus riche. Le tournant de la rigueur, appris en écoutant la radio un matin d’octobre 1981, lui reste en travers de la gorge comme l’après 1984 qui verra Georges MARCHAIS le clouer au pilori pour s’être démarqué de la ligne du parti. "Une entreprise opportuniste, un courant liquidateur", tranchera le secrétaire général du PCF. Une blessure pour l’ancien communiste "refondateur" qui plaide aujourd’hui pour une grande formation de gauche autour du PS, loin du "verbiage sonore de l’extrême gauche qui fait en parole la révolution chaque matin, et qui, faisant office de repoussoir ou de diviseur, sauve le capitalisme chaque matin". (312 pages, 21 euros, Editions Seuil )